Fièvre de Wallace Shawn : texte engagé et drolatique

Wallace Shawn n’est pas connu pour être un dramaturge. Wallace Shawn est d’abord acteur. On le connaît notamment pour ses rôles dans les films de Woody Allen (Manhattan par exemple) et pour son rôle récurrent dans une série américaine et girly à succès… Gossip Girl. Pourtant, Wallace Shawn fait bien d’écrire enfin pour le théâtre. Son texte intitulé Fièvre, joué en ce moment au théâtre des Célestins à Lyon, en est l’exemple parfait. C’est un texte à la fois drôle et explicatif. Un texte engagé et humoristique. Un texte qui fait réfléchir bien que l’auteur tire parfois des ficelles plus grosses que lui.

Wallace Shawn.

Fièvre, c’est l’histoire d’un personnage qui réalise avec stupéfaction qu’on peut être de gauche, qu’on peut vouloir que le monde aille mieux, qu’on peut avoir des valeurs et des convictions sociales mais que tout cela ne change rien puisqu’on ment. Fièvre, c’est un texte qui démontre les contradictions des hommes et le voile qu’on a presque toujours sur les yeux. Evidemment, parfois, l’explication est évidente, l’exemple est simple, voire simplet, et alors, en écoutant le monologue du seul personnage sur scène on se dit intérieurement  : « Oui, bon, d’accord, mais encore … ? ». Et puis finalement, le texte nous rattrape et finit par gagner : effectivement, le monde ne tourne pas rond. Et ça va mieux en le disant. Et ça va mieux en prenant conscience du mensonge universel, à nouveau.

Bien sûr, un texte de théâtre ne change pas le monde. Et quelques jours après la représentation, on aura oublié ce que Wallace Shawn a voulu nous rappeler. Oublié ? Peut-être pas complètement. Il restera des choses. C’est à ça que l’art sert, aussi. Perturber, questionner, faire réfléchir, imposer une réflexivité des actes et des pensées.

Au final, Fièvre montre l’absurde qui domine entre les actes et les idées. Entre ce qu’on pense et ce qu’on fait. « Je pourrais écrire 5 tomes avec ce que je pense, ce que j’analyse. Mais si je raconte ce que je fais dans la vie, une petite brochure suffit », dit le personnage de Fièvre (cité de mémoire).

Pour ne rien gâcher, Fièvre est interprété par Simona Maïcanescu, comédienne roumaine dont l’accent fait beaucoup puisqu’il vient servir le texte et accentue le coup de poing du langage. La comédienne ne bouge pas d’un millimètre pendant une heure et demi (qui passe comme un quart d’heure tant le texte est fluide) sauf lorsqu’elle enlève sa veste pour apparaître quasi nue devant nous. C’est une performance qui montre bien que les mots se suffisent à eux-mêmes (même s’ils sont aussi portés par le ton parfaitement travaillé de Maïcanescu et pas son accent dont on a déjà parlé).

Le Synopsis :

« New-York de nos jours. Le CAPITAL de Karl Marx tombe entre les mains d’une femme, riche. Improbable cadeau… 

Hypothèse invraisemblable : Le Communisme serait-il de nouveau à la mode ?!… Partie en voyage, cette « Candide » se heurte, à chacune de ses escales dans un pays pauvre, à l’éternel paradoxe: ceux qui ont tout / ceux qui n’ont rien. Elle s’émeut, pose des questions simples, dérangeantes. Loin des certitudes de toutes doctrines mais si près de ce qui, aujourd’hui, nous submerge. L’humour grinçant de ce texte, ses vérités, n’épargnent personne. Les émotions surgissent… La fièvre vous gagne. »  

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