La liste de mes envies de Grégoire Delacourt

Cela fait déjà quelques mois que le second roman de Delacourt fait parler de lui. « Roman phénomène » a écrit L’Express dans sa critique en mars dernier. « 10 000 exemplaires vendus en quinze jours ». Et des dizaines de critiques dithyrambiques qui pullulent sur les blogs littéraires. Je m’en voudrais presque de ne pas avoir aimé, du coup. 

Ou alors, c’est cette effervescence autour du roman qui pourrait expliquer ma déception. 

Il faut deux-trois heures pour lire La Liste de mes envies. Les cent premières pages se passent laborieusement. Il n’y a rien à lire, ou presque. Delacourt pose mollement le décor. Mais aux alentours de la page cent, on y croit de nouveau. Quelques rebondissements, une vraie intrigue qui se dessine : car c’est le problème d’un roman sans style, il vaut mieux que l’intrigue soit bien ficelée pour porter tout le livre. Quelques rebondissements, donc. On « se prend enfin l’esprit dans l’histoire » de cette femme de 47 ans, mercière à Arras, qui gagne 18 millions et quelques poussières au Loto et qui ne sait pas quoi en faire. Page 130, l’esprit est pris, mais pas conquis. Et puis le reste du livre file, l’écriture, comme portée par l’intrigue qui se met en place devient presque jolie. En tout cas, le style est enfin fluide et presque poétique, passé la page 100. Et toujours léger. 

On ressort de ce livre avec l’impression d’avoir passé un bon moment. Sans plus. On se dit que ce Delacourt séduit avec du bon sentiment, parce que franchement, tout le long du livre, on a envie de secouer la moitié des personnages, personnages mous, et dont finalement on connaît peu de choses. Personnages sans psychologie. C’est d’ailleurs peut-être cela qui manque à ce livre, qui en fait un bouquin sympa à lire à une terrasse de café, vite fait, bien fait : la psychologie. Cela, et le style. Et pourtant… « 10 000 exemplaires vendus en quinze jours » dit L’Express. L’Express qui d’ailleurs n’hésite pas à comparer La Liste de mes envies avec L’Elégance du Hérisson de Barbery ! Non, non, mille fois non. L’Elégance du hérisson est un livre avec de la matière, de la chair à l’intérieur. Il y a quelque chose dedans : ses personnages sont vivants. 

Quatrième de Couv’ de La Liste de mes envies