Célestin Freinet, c’est un instituteur qui s’est toujours interrogé sur les pratiques de son enseignement jusqu’à créer une nouvelle pédagogie que ses défenseurs considèrent comme la base de l’école moderne. Si beaucoup de monde connait le nom de Freinet, peu de gens savent que les écoles qui s’en réclament font partie des établissements de l’éducation nationale qui en valide les programmes.
Les individus moins informés sur ces pratiques novatrices, à l’époque de Freinet comme aujourd’hui, les dénigrent et les qualifient de « dangereuses ». Si la méthode Freinet est libertaire, elle n’est pourtant pas anarchiste : les enfants doivent suivre les règles de la vie en communauté, se respecter et respecter les autres, ils ont des corvées et des responsabilités. Pas de quoi fouetter un chat ! Par ailleurs, à ceux qui reprocheraient à la méthode Freinet de n’être pas assez compétitive pour préparer au monde dans lequel on vit adulte, pas assez productive en terme de savoir ; on pourrait répondre que de toute façon, comme je l’ai dit plus haut, la pédagogie Freinet ayant été « rachetée » par l’éducation nationale, les programmes sont les mêmes dans ces écoles et dans celles dites « classiques ». Il y a donc des établissements de l’éducation nationale, gérés par l’état, qui mettent en pratique la pédagogie freinet et rien d’autre (des écoles, des collèges, mais aussi des lycées). Ce qui change ? Ce sont simplement les façons d’apprendre, la manière d’engranger ce savoir commun à tous les enfants de l’école publique.
Freinet est, au début de sa carrière, instituteur dans une école communale classique. Déjà, il intègre dans son enseignement de petites révolutions, notamment l’imprimerie : il n’y a pas de manuels, l’élève produit des textes sur absolument tous les sujets envisageables puis il les imprime pour ses petits camarades. Mais la méthode Freinet engendre de nombreuses réactions négatives et l’instituteur est contraint de quitter l’éducation nationale.

Il ouvre alors une nouvelle école, à Vence, et y applique ses propres trouvailles pédagogiques. L’Ecole est payante, mais puisqu’elle accueille des enfants de tous les horizons (notamment les orphelins de la guerre d’Espagne) peu d’entre eux payent réellement le prix de la formation.
En 1944, Freinet rejoint la résistance et participe au comité départemental de libération de Gap. L’école Freinet qui avait été fermée pendant la guerre et l’occupation est réouverte en 1945 mais les attaques contre Freinet et sa pédagogie ne cesseront plus. Même les communistes qu’il soutenait se livreront à une véritable chasse aux sorcières contre lui. Freinet meurt en 1966. Sa femme Elise reprend la direction de l’école située à Vence. Elle fait perdurer toutes les innovations pédagogiques chères à Freinet, notamment les B.T (bulletin de travail) : une collection de petits fascicules portant sur UN sujet particulier et pouvant être fabriqués par qui le souhaite, s’il est spécialiste. Les enfants consultent ces B.T dès qu’ils ont l’idée de s’intéresser à un thème ou un sujet. Elle continue également la tradition du texte libre : tous les matins, les enfants rédigent un texte. Tous les textes sont lus et la classe choisit le meilleur d’entre tous, selon des critères subjectifs et un vote démocratique. Le texte est ensuite imprimé puis il devient une base de travail pour toute la classe : correction des fautes d’orthographe, recherche autour de thèmes liés au texte choisi, etc.
(J’ai l’intention de tester cette pratique du texte libre très vite avec mes secondes, j’en ferai le commentaire ici plus tard).
L’école reste privée jusqu’en 1991 mais les réticences et la méfiance à son égard manquent de la faire couler. Un groupe de soutien se crée. On demande à l’état de réagir. En 1991, l’école Freinet est achetée par l’État sur ordre de Lionel Jospin, ministre de l’Éducation nationale. Depuis, cette école à régime expérimental préserve sa pédagogie spécifique. Elle constitue donc une référence mondiale, et un « modèle » à partir duquel on peut penser aujourd’hui la pratique de la pédagogie de Freinet.
Peu de parents savent pourtant qu’ils peuvent faire le choix de la pédagogie Freinet en inscrivant leurs enfants dans une école d’état qui pratique cette pédagogie différente et expérimentale.
Vous retrouverez la liste de ces écoles, collèges et lycée en cliquant ici. Attention cependant, cette liste répertorie toutes les écoles « différentes », il faut donc faire le tri entre les écoles privées (qui peuvent ne pas être sous contrat avec l’état et donc pas contraintes de respecter un programme particulier) et les écoles publiques, écoles d’état ayant fait le choix de pédagogies différentes.
Pour en savoir plus sur la pédagogie Freinet :
– le site de l’Institut Freinet
– le site de l’ICEM-Pédagogie Freinet
– Le film l‘Ecole buissonnière sur le site de l’Ina. Ce film raconte de façon romancée l’histoire de Freinet et de sa pédagogie. Le rôle de Célestin Freinet est interprété par Bernard Blier. Film datant de 1949.