Les dix premiers livres de bébé #0à15mois

Enceinte, et acheteuse compulsive de bouquins, je me suis très vite posée la question des premiers livres à faire découvrir à un enfant quand celui-ci ne sait pas même… lire. Voici une sélection pour lui faire appréhender l’objet livre et partager ensemble les premières histoires :

1) Enfantines : jouer, parler avec le bébé, Bruley et Dumas, L’école des loisirs, 1996

enfantines

Tout petit, le bébé découvre le langage, les mots, son corps et le monde. Les mains sont un instrument d’appréhension formidable et les doigts forment à eux seuls une famille: «Le poucelot, le lèchepot, le longi, le malappris, le petit doigt du paradis!». Les «enfantines» – mot inventé par les auteurs – désignent ce patrimoine vivant, transmis oralement à travers des générations. Présentées en recueil, avec leurs variantes et leurs correspondances gestuelles ou musicales, ces formules gagnent encore en fantaisie grâce aux illustrations de Philippe Dumas. Un excellent florilège pour agrandir son répertoire de badinage avec les tout-petits.

2) Le premier livre de bébé, Gyo Fujikawa, Gautier-Languereau, 2001.

51Tv+1RDAOL._SY344_BO1,204,203,200_

Les bébés sont parfois des anges, parfois des diablotins, mais avant tout, ils ont besoin de baisers et de calins ! Un livre longtemps indisponible qui ravira les grands et les petits.

3) Ça va mieux !, Histoires de bébé, Jeanne Ashbé, Pastel, L’Ecole des loisirs, 2000. 

22259

Une série de six petits livres à regarder, à écouter et à sentir avec le tout-petit… Des livres qui racontent les bébés. Des livres qui rencontrent les bébés. Des livres qui parlent de la vie de tous les jours: les mots qui racontent les émotions partagées, les rires et les larmes… Dans la même série : Bonjour! – Au revoir! – On ne peut pas! -Tout barbouillé! – Coucou!

4) Je vois, Helen Oxenbury, Albin Michel jeunesse, 1999 / Je peux, Helen Oxenbury, Albin Michel jeunesse, 2000 / Je touche, Helen Oxenbury, Albin Michel jeunesse, 1999

9782226023759_1_75

jepeux

Le bébé découvre tous les jours de nouvelles sensations, et dans ces livres un merveilleux bambin nous entraîne dans ses explorations : Voir, Pouvoir, Toucher,etc.

5) La chenille qui fait des trous, Eric Carle, Mijade, 2004

Cette petite chenille passe son temps à manger et au bout d’une semaine, elle est devenue énorme. Mais le papillon qu’elle sera aura toutes les couleurs de ses festins. Cet album permet aussi à l’enfant d’apprendre les premiers chiffres puisque le nombre de trous par feuille va croissant.

chenille

6) Les animaux de la ferme, François Delebecque, Les Grandes Personnes, 2010

Veau, vache, cochon, il faut soulever les volets pour découvrir sous les silhouettes les animaux de la ferme.

animaux

7) Les Prélivres, Bruno Munari, Cera Nrs, 2000 (12 volumes)

dsc_0566

Les Prélivres de Munari est un ensemble de 12 petits livres (115 euros le coffret environ). Ce sont douze petits livres carrés de 10 x 10 cm en papier, carton, bois, étoffe, plastique, rassemblés dans un coffret-bibliothèque. Chacun a une reliure différente et met en scène une surprise…. Le prix est conséquent mais le concept est parfait ! Munari n’est autre que l’rtiste plasticien italien, inventeur du premier mobile du nouveau-né cher à Maria Montessori. (D’autres livres de munari en position 8 et 9 de ma sélection).

Je suis très intriguée par ce coffret que j’aimerais beaucoup avoir en main et découvrir… Vais-je investir ou non…

8) Bonne nuit à tousBruno Munari, Le Seuil, 2006

nuit

9) Toc, toc, Bruno Munari, Le Seuil, 2004

toctoc

10): Petit musée, Alain Le Saux et Grégoire Solotareff, L’école des loisirs,2005

musée

149 mots, d’Aigle à Zèbre, illustrés par les détails de 149 tableaux de grands peintres, de Jérome Bosch à Picasso : Ce livre est peut-être un peu élaboré pour des tout-petits…. mais après tout, pourquoi pas ? Et puis, ça fera plaisir à l’adulte qui lit !

Incendies de Wajdi Mouawad #leslivresàlireabsolument #théâtre

Longtemps que je ne m’étais pas pris une claque littéraire. Il a fallu attendre Wajdi Mouawad cette année pour que cela arrive de nouveau. Pourtant, Wajdi Mouawad, je le connaissais déjà. C’est lui qui m’a fait vivre cette expérience incroyable de rester assise 6 heures d’affilées dans une salle de théâtre, à Lyon, pour regarder son adaptation de Sophocle, son cycle des femmes : Antigone, Electre et Déjanire. Sublime metteur en scène donc, ça, c’était certain. Mais quel auteur aussi ! Il a fallu qu’une collègue m’explique travailler une des pièces de la tétralogie de Mouawad avec ses élèves pour que je me rappelle qu’il écrivait aussi, en plus de mettre en scène les classiques. Et puis une visite chez mon libraire, samedi, et Incendies, le deuxième volet de la tétralogie théâtrale de Wajdi Mouawad qui se retrouve sous mon nez, par hasard, sur une table. Je lis au dos que la tétralogie n’est pas narrative et qu’on peut donc entrer dedans sans passer obligatoirement par le volet 1. C’est alors parti pour le tome 2 : Incendies. Sublime, puissant, si étonnant pour du théâtre actuel. C’est aussi fort qu’une épopée classique mais avec une écriture actuelle et poétique. C’est du théâtre épique contemporain. C’est compliqué et simple aussi. Un classique à venir.

Incendies_exact780x1040_p

Incendies est donc le deuxième volet, après Littoral, du cycle Le Sang des promesses du dramaturge et metteur en scène Wajdi Mouawad, né au Liban. Voici ce qu’en dit la quatrième de couverture :

Lorsque le notaire Lebel fait aux jumeaux Jeanne et Simon Marwan la lecture du testament de leur mère Nawal, il réveille en eux l’incertaine histoire de leur naissance : qui donc fut leur père, et par quelle odyssée ont-ils vu le jour loin du pays d’origine de leur mère ? En remettant à chacun une enveloppe, destinées l’une à ce père qu’ils croyaient mort et l’autre à leur frère dont ils ignoraient l’existence, il fait bouger les continents de leur douleur : dans le livre des heures de cette famille, des drames insoupçonnés les attendent, qui portent les couleurs de l’irréparable. Mais le prix à payer pour que s’apaise l’âme tourmentée de Nawal risque de dévorer les destins de Jeanne et de Simon.

Cette pièce est surprenante de part les thèmes abordés, si nombreux : la mémoire, l’identité, la guerre, la mythologie, l’histoire et l’Histoire mélangées…. Pour aller plus loin dans l’analyse, un lien vers une étude universitaire de l’épique contemporain dans cette pièce. Et pour les profs qui souhaiteraient travailler Incendies avec leurs élèves, une belle séquence de travail. 

Pour les cinéphiles, il est aussi possible de voir l’adaptation cinématographique datant de 2010 d’Incendies que je compte regarder bien vite :

film

Quant à moi, je fonce chez mon libraire commander les trois autres volets de cette tétralogie théâtrale.

Journal d’une femme de chambre, film de Benoît Jacquot d’après le livre d’Octave Mirbeau

4642489_c237871a0dff85d6dc03453e8d2bb1bf02f596e1_545x460_autocrop

Je n’ai jamais lu Octave Mirbeau. Rien de l’auteur de la fin du XIXème siècle. Je ne connaissais d’ailleurs pas grand chose de lui sinon son nom. C’est d’abord ça qui m’a encouragée à aller voir le film de Benoît Jacquot, réalisateur très littéraire (il a adapté La Vie de Marianne le roman de Marivaux, notamment) : mon ignorance. Une fois dans la salle, j’avais pourtant peur de m’ennuyer. Le titre n’est pas très sexy. L’affiche présente une jeune femme de dos en tenue de servante du XIXème. Le tout laisse imaginer l’histoire probablement sinistre d’une pauvre fille sans le sous à la fin du siècle. Que nenni ! Journal d’une femme de chambre, qui paraît-il est une adaptation cinématographique très fidèle du livre de Mirbeau s’avère être un sublime portrait de femme, doublé d’une fresque sociale et d’une critique de l’aristocratie de l’époque. Grandiose ! Vient s’ajouter à cela le traitement cinématographique : réalisation, façon de filmer de Jacquot qui s’approchent presque de l’art pictural. Certains plans ressemblent à des tableaux. Quant aux gros plans serrés de Léa Seydoux qui joue majestueusement la femme de chambre : des portraits qui font immédiatement penser à des tableaux de Vermeer !

Ce film est une oeuvre d’art entre littérature, cinéma et peinture. Psychologiquement, esthétiquement et moralement fort. Et puis cette fin surprenante qui ne gâche rien…

Le résuméDébut du XXème siècle, en province. Très courtisée pour sa beauté, Célestine est une jeune femme de chambre nouvellement arrivée de Paris au service de la famille Lanlaire. Repoussant les avances de Monsieur, Célestine doit également faire face à la très stricte Madame Lanlaire qui régit la maison d’une main de fer. Elle y fait la rencontre de Joseph, l’énigmatique jardinier de la propriété, pour lequel elle éprouve une véritable fascination.

326170

Journal d’une femme de chambre au cinémaLe Journal d’une femme de chambre, paru en 1900, a été porté quatre fois à l’écran : en 1916, en Russie, par M. Martov ; en 1946, par Jean Renoir, aux États-Unis et en anglais, sous le titre Diary of a Chambermaid ; Le Journal d’une femme de chambre, en 1964 et en français, par l’Espagnol Luis Buñuel, avec Jeanne Moreau et Michel Piccoli dans les rôles principaux. Il s’agit, dans les deux derniers cas, de très libres adaptations du roman, celle de Jean Renoir étant particulièrement infidèle. La quatrième adaptation, due à Benoît Jacquot, avec Léa Seydoux et Vincent Lindon dans les deux rôles principaux, est, elle, fidèle au livre de Mirbeau.

97820711Pour aller plus loin : Lisez Le Journal d’une femme de chambre de Mirbeau, regardez le DVD du film de Bunuel Journal d’une femme de chambre… ou filez au cinéma voir la version de Benoît Jacquot !

Les adaptations ciné de La Princesse de Clèves

 J’ai mis du temps à approcher le roman de Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves. Il y a quelques années, quand l’ancien président s’en est pris à lui déclarant, en gros, que ce livre lui était tombé des mains et qu’il était un supplice, j’ai eu envie de me pencher dessus à mon tour, histoire de me faire ma propre opinion.

J’ai donc lu et, bien que peu friande des romans précieux du XVIIe, j’ai immédiatement classé ce roman dans mon top 10 personnel des chefs d »oeuvre de la littérature (de « ma » littérature devrais-je dire puisque ce classement est très subjectif).

Quelle merveille que cette princesse qui décide de refuser de vivre sa passion pour justement la préserver. Quand on sait que toute passion s’affaiblit, c’est ingénieux, non ?

Récemment, j’ai eu l’occasion d’assister à une conférence sur les adaptations de La Princesse au cinéma. Il y en a beaucoup, mais le conférencier a choisi de nous parler de trois d’entre elles.

Tout ça a ravivé à ma mémoire les souvenirs de ce roman et j’ai eu envie de partager ici quelques informations sur ces 3 adaptations, qui sait, peut-être que ces films seront alors regardés d’un oeil nouveau.

Lorsqu’on regarde une adaptation de livre sur grand ou petit écran, c’est pratique d’avoir déjà lu le livre : cela offre le plaisir de noter les choix du réalisateur et de découvrir sa propre vision du livre (forcement différente de la notre).

Ce qui ressort de toutes les adaptations du roman de La Fayette, c’est le rôle différent donné à la mère de la princesse. Alors que celle-ci est un personnage capital du livre (elle vole même parfois la vedette à sa fille) et de l’intrigue (elle aiguille le destin de la princesse avec ses leçons de vie et de morale), un seul réalisateur a choisi de conserver son rôle dans son film (il s’agit d’Oliveira).

Oliveira a intitulé son adaptation La Lettre (avec Mastroianni dans le rôle de la princesse).

Image

Amusants aussi sont les transpositions des réalisateurs : Honoré transpose l’intrigue dans une cours de lycée au XXIe siècle (le roman se passe dans la cour d’Henry II), Oliveira dans une famille bourgeoise du XXe siècle. Notez que le huis-clos et l’unité de lieu est respectée et aussi, et surtout, que ces transpositions prouvent à elles-seules l’intemporalité et l’universalité de ce roman somptueux.

Honoré titre son adaptation La Belle personne (avec le beau Louis Garrel, et Léa Seydoux).

Image

La dernière adaptation dont on nous a parlé date des années 60. Il s’agit du film de Jean Delannoy. Décriée à l’époque, notamment par Truffaut, parce que la Nouvelle Vague commençait de séduire et qu’on crachait sur tous les films qui n’en faisait pas partie, l’adaptation a été depuis reconsidérée. Avec Marina Vlady (La Princesse de Clèves), Jean-François Poron (Le Duc de Nemours) et Jean Marais (Le Prince de Clèves).

Le film de Delannoy est un monument. Les dialogues ont été créés par Cocteau dont on reconnaît la patte. Les costumes par Pierre Cardin. Chaque costume pesait plus de 30 kilos !

la-princesse-de-cleves-affiche-6611

On aurait enfin pu citer La fidélité, de Andrzej Zulawski (2000) avec Marceau et Canet.

Pour rafraîchir les mémoires oublieuses, le résumé du livre : 

La princesse de Clèves
1678

L’action se déroule, en 1558, à la cour du roi Henri II. Mademoiselle de Chartres, jeune orpheline de seize ans élevée par sa mère paraît pour la première fois au Louvre. Le prince de Clèves, ébloui par sa beauté, la demande en mariage. Mademoiselle de Chartres accepte ce mariage de raison.

Trop tard, la Princesse de Clèves rencontre le duc de Nemours. Naît entre eux une passion immédiate et partagée, à laquelle sa mère, Madame de Chartres la conjure de renoncer : « Ne craignez point de prendre des partis trop rudes et trop difficiles, quelque affreux qu’ils vous paraissent d’abord : ils seront plus doux dans les suites que les malheurs d’une galanterie ».

Le roman décrit avec beaucoup de minutie les étapes du sentiment amoureux chez les trois personnages, ses effets sur leur comportement et la lutte de la princesse pour ne pas trahir les préceptes maternels.