On a acheté cette bande dessinée il y a déjà une bonne année, parce qu’on en avait entendu parler et qu’elle était en évidence sur le présentoir du libraire de notre quartier. Le binôme l’avait lue, mais pas moi. Puis la semaine dernière, comme j’avais envie de lire, mais pas un livre traditionnel, plutôt un truc « avec des images » comme disent les enfants, j’ai ressorti cette lourde bédé (près de 350 pages quand même). Cela s’est avéré être une très bonne idée.
Je suis très facilement entrée dans l’histoire de Delisle qui raconte, tout simplement, sa vie avec sa famille à Jérusalem. Plus exactement, son unique année passée là-bas. La femme du bédéiste est coordinatrice chez MSF (Médecins Sans Frontières), elle est donc envoyée régulièrement en mission aux quatre coins de la planète. Guy Delisle a pour habitude de la suivre avec ses deux enfants, Louis et Alice. A l’étranger, il s’occupe du quotidien et se promène dans le pays pour « croquer » la vie de tous les jours, les coutumes, les paysages, les monuments, les traditions, les curiosités.
Au-delà de la trame de la BD (la vie quotidienne d’une famille d’expatriés) qui rend tout ça très ludique, très agréable (on est intéressés par l’adaptation d’une famille française dans un autre pays), qui fait souvent rire (Delisle sait raconter de courts moments de vie sur le ton de la dérision tout en montrant le choc des cultures), j’ai véritablement pris un cours d’histoire. Mais alors, un cours d’histoire sans jugement, sans a priori, sans BRUTALITé !
A force de raconter son acclimatation et celle de sa famille, Delisle finit par dresser un tableau précis de ce qu’est Jérusalem (Un sacré bordel ! Un paradoxe sur pattes ! L’allégorie de l’absurdité des religions, toutes les religions !). Au fur et à mesure de la lecture, j’ai enfin compris les divisions de la ville, le principe et la géographie des colonies, le concept de certains quartiers à la fois juif, arabe et chrétien ; mais tout ça sans image de guerre, sans géopolitique compliquée, sans traitement médiatique alarmant, gerbant ou voyeuriste. Je me souviens avoir longuement révisé le conflit israélo-palestinien pour le bac sans parvenir totalement à comprendre ce qui se tramait là-bas, mais si j’avais eu cette bande dessinée sous la main, j’aurais VRAIMENT pu me faire une opinion et pu parler avec objectivité et pertinence de tout ça.
Evidemment, MSF, pour qui travaille la femme de Delisle s’occupe essentiellement des palestiniens et même si on sent sous le trait humaniste de l’auteur quelques partis pris, tout ça n’en reste pas moins très objectif, notamment parce que l’illustrateur dépeint ce qu’il voit sans trop commenter, sinon avec les mimiques de ses personnages.
BREF, il faut lire cette bande dessinée qui réussit le pari d’être à la fois légère et ludique (on a envie de l’ouvrir pour replonger dans une lecture facile qui détend) tout en étant véritablement pédagogique et instructive.
Je vous fais cette chronique alors que j’en suis à la page 230 sur 330 et je vous quitte pour m’y replonger illico ! (et pardon pour les photos flous…)
Bonne lecture à vous !
Chroniques de Jérusalem, Guy Delisle, éditions Shampooing, collection dirigée par Lewis Trondheim.
Ah jamais je ne me suis dit que cette bd pouvait m’intéresser mais en lisant ton avis je me dis que je passe surement à côté de quelque chose !
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