A l’occasion de la semaine du théâtre sur France Télévisions, j’ai pu regarder hier soir Ruy Blas, de Hugo, pièce filmée lors de sa représentation au TNP de Villeurbanne.
Je me suis ennuyée. C’est un peu embêtant, de ne pas apprécier le théâtre d’Hugo, non ? Et qui plus est ce que certains considèrent comme sa « meilleure pièce ». Pourtant, comme d’autres, je trouve le théâtre hugolien un peu « ridicule », pompeux. Ce n’est pas la faute aux alexandrins. Le théâtre en vers et en rimes de Racine m’envoûte chaque fois.
Pourtant, Hugo était un révolutionnaire au théâtre ! Et quand, dans les années 1830, il écrit et fait jouer Hernani, puis Ruy Blas, la critique crie aux scandales (on connaît la Bataille d’Hernani). Hugo, entre la comédie et la tragédie, crée le drame. Il ne respecte plus la règle des trois unités chère aux tragédiens et mélange les genres alors que jusque là, tragédie et comédie avaient chacune leurs thèmes propres. Il théorise même tout cela dans la préface de Cromwell et entre dans l’histoire du théâtre avec ses drames romantiques.
Avec Ruy Blas, il invente en plus une pièce historique, qui retrace la vie de la cour, au XVIIe siècle, en Espagne, de façon précise et documentée.
Et malgré tout ça, j’ai du mal. Peut-être que l’amour du théâtre hugolien viendra plus tard… En attendant, voici le résumé de la pièce qui exprime à lui seul ce qu’est un drame : mélange de plusieurs genres, bas et hauts, mélange de comédies et de tragédies que l’on voit très bien apparaître ici :
Acte I
Un salon dans le palais du roi à Madrid. Don Salluste de Bazan médite sur la disgrâce dont il est victime. Il vient d’être exilé de la cour, par la reine, doña Maria de Neubourg, en raison d’un enfant illégitime qu’il a eu avec une des suivantes de la reine. Il médite sa vengeance.
Il espère trouver en son cousin don César, jeune seigneur dévoyé, l’allié et l’instrument de sa vengeance. Mais don César, dans un sursaut d’honneur, refuse de prêter la main à ce complot.
Ruy Blas, valet de Don Salluste , resté seul avec Don César lui avoue son amour insensé pour la reine. Don Salluste, qui a tout entendu, a désormais son stratagème : il fait enlever don César et le fait vendre aux corsaires d’Afrique. Il lui substitue Ruy Blas, à qui il fait écrire deux lettres : une invitation pressante à une dame aimée, et la reconnaissance par Ruy Blas qu’il est son valet. Puis il ordonne à Ruy Blas de séduire la reine et de devenir son amant.
Acte II
Un salon proche de la chambre de la reine. Délaissée par son époux, le roi Charles II, et prisonnière de l’étiquette despotique espagnole, la reine s’ennuie loin de son Allemagne natale. Elle rêve à l’inconnu qui chaque nuit lui dépose un bouquet de fleurs et qui a osé y joindre une lettre d’amour. Entre Ruy Blas, transformé en écuyer, qui lui apporte un billet laconique dicté par le roi. Avec émotion, la reine reconnaît en lui l’auteur de la lettre d’amour.
Don Guritan, vieil aristocrate épris de la reine, devine cette idylle naissante et provoque Ruy Blas en duel. Pour le sauver, la reine exige que le vieil aristocrate jaloux parte sans délai pour Neubourg, en Allemagne, avec mission de remettre à son père un précieux coffret.
Acte III
La salle de gouvernement du palais royal. En 6 mois, Ruy Blas ( qui porte toujours le nom de Don César) a fait une prodigieuse ascension politique. Il est comblé de titres et est devenu premier ministre. Ses succès provoquent la jalousie des grands du royaume et sa vie privée, très secrète, leur curiosité malveillante. Au conseil du gouvernement, Ruy Blas surprend les transactions infâmes des ministres et les fustige d‘une tirade méprisante : « Bon appétit, messieurs ! ». La reine, cachée dans un cabinet dérobé, a tout entendu. Elle avoue à Ruy Blas son admiration et son amour. Ruy Blas, ivre de bonheur et d’orgueil, savoure cette déclaration. C’est alors que surgit Don Salluste, déguisé en valet. Il humilie Ruy Blas, lui rappelant qu’il n’est que son valet et aussi l’auteur d’une lettre où il reconnaît la bassesse de sa condition. Don Salluste ordonne à Ruy Blas de se rendre dans une maison secrète pour y attendre ses ordres. S’il refuse, sa liaison avec la reine sera rendue publique.
Actes IV
Une petite chambre dans la mystérieuse demeure où s’est rendu Ruy Blas. Après avoir envoyé un page afin d’avertir la reine de ne pas quitter son palais, Ruy Blas quitte la maison secrète de don Salluste pour aller demander aide à Dieu.
Dans la maison, un homme tombe par la cheminée . Il s’agit de Don César, qui tout en se restaurant raconte ses aventures. Un laquais lui apporte mystérieusement une sacoche pleine d’argent. Cet argent est en fait destiné à Ruy Blas ( le faux Don César). Une duègne vient lui confirmer le rendez-vous avec la reine . Ce rendez-vous a en fait été organisé par Don Salluste . Don Guritan surgit avec deux épées en vue de son duel différé avec Ruy Blas. Don César le tue.
Arrive Don Salluste. Don César lui apprend qu’il a tué Don Guritan et qu’il a rendez-vous avec la reine. Voyant ses plans compromis, Don Salluste réussit à faire arrêter Don César en le faisant passer pour le célèbre voleur Matalobos.
Actes V
La même chambre la nuit. Ruy Blas, persuadé qu’il a réussi a avertir la reine du danger et à la sauver, veut s’empoisonner. Mais doña Maria, appelée par une autre lettre dictée à Ruy Blas par don Salluste, est prise au piège. Elle apparaît. Don Salluste savoure sa vengeance. Il met en demeure la reine de choisir entre le scandale ou l’abdication et la fuite avec Ruy Blas. La reine est prête à abdiquer , lorsque Ruy Blas, déchiré, éperdu, l’arrête et confesse son véritable nom et son état. Révolté, il tue Don Salluste de son épée, boit le poison et meurt dans les bras de la reine. Doña Maria lui crie son pardon et l’appelle de son nom , Ruy Blas.